La voile légère se pose des questions sur l’avenir des foils

Source : www.ouest-france.fr

Gérant des sociétés Evo sailing et Bekayak à Brest Gilles Berthou importe la marque Laser et Hobie Cat. Ce spécialiste de la voile légère donne sa vision du marché. Entretien Gilles Berthou qu’elle est la tendance pour la voile légère ? Le marché est plutôt stable mais très axé sur les écoles de voile. Avec les baisses annoncées des subventions on s’attend à un sérieux coup de frein. Et les particuliers ? Nous avons moins de particuliers. Les écoles de voile représentent la quasi-totalité de nos ventes aujourd’hui à 80 %. Les particuliers ont un accès au nautisme plus facile en passant par les centres nautiques. Cela permet de résoudre les problèmes de stockage des bateaux. Il y a aussi un problème de temps. Les personnes qui ont des budgets pour acheter des bateaux n’ont pas de temps à consacrer à naviguer. Dériveur ou catamaran quel est le type d’embarcation qui a le vent en poupe ? Aucune des deux pratiques ne se détache vraiment. Mais de nouveaux produits séduisent les particuliers. Hobie Cat a développé des embarcations faciles d’accès comme des trimarans ou des kayaks à pédales. Les kayaks font en général une percée remarquable un secteur ou le rapport particuliers/clubs est d’ailleurs inversé par rapport à la voile légère. Où en est le catamaran de sport qui a connu un essor remarquable ces vingt dernières années ? Il y a un véritable recul. Les budgets pour accéder à la compétition en catamaran mais aussi en dériveur sont loin d’être négligeables. De plus il y a en ce moment un véritable  » effet foil  » avec un engouement pour les bateaux qui volent. Pour moi aujourd’hui c’est un leurre. Ces bateaux correspondent à peu de gens. Mettre les projecteurs sur ces bateaux est dangereux. À une époque dans le windsurf on ne parlait que de Robby Naish qui sautait à 15 mètres de haut. Au final la mise en exergue du Funboard a fini par tuer la pratique grand public de la planche à voile. Mais ces bateaux qui volent font rêver et peuvent devenir une formidable vitrine pour la voile légère… Ces bateaux vont très vite et peuvent aussi être très dangereux. D’ailleurs nous vendons du matériel de protection spécifique. Ils ne s’adressent pas à tout le monde. En terme d’image c’est chouette et nous avons tous envie de voler mais pour le moment c’est élitiste y compris financièrement. Le foil ne pourra vraiment tenter de se démocratiser que dans l’univers de la planche à voile et le kitesurf. Quel est alors l’avenir de la voile légère ? (Longue hésitation) Je ne sais pas… Les marques avec lesquelles je travaille ont une diffusion mondiale et ne prendront pas le risque de diffuser des produits dangereux. Elles travaillent plutôt sur des produits grand public pour amener un maximum de gens sur l’eau et j’adhère à cette vision. Il y a encore des choses à développer. D’ailleurs en avril prochain les 1 000 revendeurs du réseau Hobie Cat sont conviés en Californie pour découvrir un nouveau produit et peut-être une nouvelle pratique qui pourrait révolutionner le loisir nautique…