Tour de France à la voile : comment relancer une épreuve encalminée ?

Source : www.lesechos.fr

Bateau cher et contesté réduction de la flotte sponsors attentistes… L’emblématique épreuve qui fait étape à Dieppe (jusqu’au 9 juillet) se cherche un second souffle.Fière mais famélique. Sur le ponton du port de Dieppe (Seine-Maritime) seulement neuf monocoques sont engagés sur le Tour de France à la Voile. Ils étaient… 40 en 2002 ! La flotte s’est tarie au fil des ans. Les désistements de dernière minute se multiplient. « Au printemps on pouvait encore compter sur 15 bateaux. Certains on jeté l’éponge en juin à quelques jours du départ. Ils n’arrivaient pas à boucler leur budget » se désole Jean-Baptiste Durier directeur de l’épreuve.Moins de bateaux et des sponsors attentistes. Exception notable dans cette conjoncture embrumée. L’opticien Krys a rejoint cette année la cohorte des partenaires du Tour de France organisé par Amaury Sport Organisation (ASO par ailleurs organisateur du Tour de France cycliste). « Nous voulions profiter de la visibilité du Tour de France cycliste. ASO nous a proposé un package avec le Tour de France à la voile » ajoute Christophe Lemesle président du groupe qui réunit 860 magasins en France. L’enseigne actuel no2 de l’optique en France (derrière Optic 2000) avec 12% de part de marché (2 millions de clients par an) veut devenir leader sur le créneau de l’optique « outdoor » (lunettes solaires verres polarisants lunettes correctrices). Un relais de croissance pour un marché de l’optique atone très concurrentiel et fragilisé par un décret gouvernemental qui vient de réduire le renouvellement des lunettes de vue de un à deux ans… »Les lunettes solaires représentent 10% de nos ventes. Contre 80% pour les lunettes correctrices. C’est un segment négligé par beaucoup de Français. Sur la plage on badigeonne les enfants de crème solaire. On met un bob mais on oublie souvent les lunettes solaires  » commente Franck Deschamps directeur de l’enseigne qui reste discret sur le montant de l’investissement : « Entre 15 et 2 millions d’euros l’équivalent d’une grosse campagne de publicité télévisée. » » Année test  » et budget réduitPrudent l’opticien s’est engagé pour une année test. « L’objectif est d’augmenter nos ventes de lunettes solaire de 20% sur la période juin/juillet. Nous ferons un point en octobre pour voir si nous reconduisons le partenariat avec ASO » détaille Franck Deschamps. Les premiers résultats assure l’enseigne confortent sa stratégie. « Nous avons augmenté de 8% nos ventes en juin » lâche Franck Deschamps. Juillet doit amplifier cette tendance car août marque une traditionnelle décrue des ventes de lunettes…S’engager avec parcimonie en serrant les cordons de la bourse c’est le modèle dominant sur le Tour de France à la voile. Julbo autre opticien a choisi lui aussi de s’associer pour un an à l’épreuve. Beaucoup plus modestement. « Nous voulons augmenter notre visibilité. Nous ne vendons pas de produits sur notre stand. Cet investissement représente environ 10.000 euros pour cette édition » explique Christophe Frezet responsable commercial de Julbo pour la Normandie. Samsung premier partenaire du Tour de France à la voile ne communique pas le montant de son investissement ni… la durée de son partenariat. Ce qui atteste in fine que l’accord peut s’arrêter si le retour sur investissement du groupe sud-coréen n’est pas au rendez-vous… Pour l’heure il n’en est rien jure ASO qui est allé chercher ce sponsor en 2012 lorsqu’il a racheté l’épreuve. « Samsung cherchait à faire palper leur téléphones et tablettes par le public toutes CSP confondues. C’est complémentaire avec leur présence sur les réseaux sociaux » décrypte Jean-Baptiste Durier.Le trimaran moins cher et plus spectaculaire ?Des partenaires choyés car rares. Des quais au plan d’eau. « L’ancien bateau se louait entre 10 et 20.000 euros. Le nouveau c’est minimum 50.000 euros ! Cela a fait fuir les étudiants. Le ticket d’entrée pour concourir est monté à 100.000 euros. C’est trop » regrette Daniel Souben skipper de Courrier Dunkerque à la tête d’un des 4 équipages professionnels engagés dans la course. Lui est passé entre les gouttes. « Veolia Environnement nous donne 150.000 euros par an. C’est 40% de notre budget. Dunkerque ville-départ assure l’essentiel du reste » résume le double vainqueur de l’épreuve.Des efforts ont pourtant été faits pour réduire les coûts. « Les organisateurs ont réduit l’épreuve de 4 à 3 semaines les voiles sont identiques pour tous les bateaux le nombre de navigants sur les bateaux est passé de 8 à 7 » développe Fabien Henry skipper de Groupama en l’absence provisoire de Franck Cammas retenu à la Grande Motte (Hérault) pour les championnats d’Europe de Nacra17 un catamaran de poche.Cœur du problème: le bateau (M34 un monocoque de 10m34) retenu (depuis 2011) pour parcourir les 900 miles (1620kms) du Tour fait l’unanimité contre lui : trop cher et éreintant à piloter. Ajoutez un règlement peu lisible pour le grand public (alternance d’étapes techniques de baie – naviguer entre 3 bouées – et d’étapes en haute mer – pour rallier les 8 villes étapes – chacune dotée d’un coefficient distinct selon la difficulté). Résultat : la crise couve. L’organisateur en est conscient. Il devrait annoncer le 27 juillet à Nice à l’arrivée de cette 36e édition un nouveau bateau pour le cru 2015 : un trimaran de poche (725m). Un choix moins onéreux et plus spectaculaire. Pour susciter un nouvel élan.