Nautisme. Entre deux eaux

Source : www.letelegramme.fr

La filière nautique française souffre mais résiste. Les ventes de bateaux ont une nouvelle fois baissé l’an dernier selon les chiffres de la Fédération des industries nautiques. Mais le secteur résiste porté notamment par l’export et les nouvelles tendances. 1. Merci l’export. Leader mondial de la voile du pneumatique et de la glisse la filière nautique française peut dire merci au marché export. Ce dernier pèse à lui seul 72 % du chiffre d’affaires généré par les ventes de bateaux  » made in France « . Un débouché indispensable pour les 5.090 entreprises et les 40.326 salariés qui en vivent même si la plaisance ne se résume pas à la seule production de bateaux. Avec ses trente métiers différents (équipementiers motoristes réparateurs skippers…) elle s’apparente davantage à une industrie lourde qui en 2013 a représenté un chiffre d’affaires total de 442 milliards d’euros (-18 %) malgré une économie dégradée.2. Marché intérieur morose. Sur le marché intérieur la situation reste bouchée. Les immatriculations de bateaux neufs ont reculé de 151 % entre 2012 et 2013 démontrant une nouvelle fois que le marché ne s’est toujours pas remis du choc de 2008-2009. Même s’ils représentent deux ventes sur trois les bateaux à moteur (-193 %) trinquent bien plus que les voiliers (-134 %). Dans un marché dominé par les unités de moins de six mètres il est à noter que les voiliers de 12 à 15 m et de 18 à 24 m effectuent une percée significative (+24 et 133 %). Un regain attribué aux sociétés privées et sociétés de leasing qui trustent 26 % des achats. Quant au profil de l’acheteur il s’agit le plus souvent de retraités (14 %) qui privilégient les bateaux à moteur ou de professions intermédiaires (104 %). Les cadres les professions libérales et les associations sont proportionnellement plus orientées vers l’achat de voiliers.3.L’occasion résiste. Comme par effet balancier le marché du bateau d’occasion se maintient à 61.609 unités (-42 %). Une tendance qui semble correspondre à l’adaptation des plaisanciers à la crise. Ce marché est dominé à 80 % par les bateaux à moteur et pour 65 % par des unités de moins de six mètres.4. Le dynamisme breton. Bic Sports Multiplast Plastimo Incidences JPK Structures Sibiril… La Bretagne regorge d’entreprises spécialisées dans les technologies de pointe et les marchés de niche. Ces structures restent dans l’ensemble modestes du point de vue des effectifs. La région concentre ainsi 117 % des effectifs nationaux. Ce qui en fait la deuxième région du Grand Ouest derrière les Pays-de-la-Loire et le géant Beneteau-Jeanneau. Au niveau national le Sud Est reste la région leader en générant 34 % du chiffre d’affaires national avec 149 milliard d’euros.En revanche du côté des ventes de bateaux neufs la Bretagne reste très dynamique. Mieux elle occupe la première place. 28 % des bateaux vendus en France en 2013 ont été immatriculés en Bretagne.5. Le stand up paddle toujours en haut de la vague. Il suffit de voir le nombre de points de location qui poussent sur les plages bretonnes pour comprendre le succès du stand up paddle. Difficile d’échapper à ce phénomène qui consiste à se déplacer debout sur une grande planche à l’aide d’une pagaie. Comment expliquer un tel succès ? Le paddle est accessible à tous : pas besoin d’avoir pris de cours ou d’avoir un permis mer. Et les prix d’entrée de gamme restent abordables grâce notamment aux versions gonflables. Les professionnels parlent d’une progression à deux chiffres pour l’année 2012-2013 mais sans entrer dans le détail.À l’inverse la planche à voile concurrencée par le kitesurf n’arrive toujours pas à remonter la vague. Les ventes sont une nouvelle fois en baisse en France : -13 % pour les flotteurs -10 % pour les voiles sur l’année 2012-2013 quand celles des voiles de kite progressent de 4 %.6. Des raisons d’espérer. La filière nautique française n’a pas encore surmonté la crise de 2008. Mais les prémices d’une reprise sont là. Il suffit de se promener actuellement le long des côtes bretonnes pour comprendre le phénomène. Les écoles de voile font le plein les plans d’eau sont remplis et le nombre de permis de plaisance est en progression (+14 %)…