Source : www.ouest-france.fr
Dans la tempête économique le nautisme français s’adapte bord après bord pour mieux tracer sa route. 800 bateaux dont 200 nouveaux ont franchi la barrière du périphérique parisien pour hisser samedi la grand-voile du Nautic. Le Nautic ? Une vitrine grande ouverte sur une filière exemplaire soutenue par un marché français plus résistant que celui de ses voisins. Un marché de passionnés. Si les terriens achètent des maisons les amoureux de la mer se tournent vers les coques à voile ou à moteur pour réaliser le rêve d’une vie. Mais l’appel du large est rattrapé par la réalité économique. Finie la croissance à deux chiffres d’avant la dépression de 2009. Après avoir renoué avec le succès en 2010 et 2011 l’industrie de la plaisance accuse à nouveau une baisse de 18 % de la construction de bateaux neufs. C’est pire – presque deux fois plus – au niveau européen. Touché ? Oui mais pas coulé. Fort de ses 5 000 entreprises et 41 000 salariés le nautisme français affronte certes des hauts et des bas depuis mi-2011 mais il a l’habitude de ces aléas économiques. Comme du sempiternel manque de places dans les ports qui lui fait rater des ventes ! Pourquoi cette filière s’en sort-elle donc mieux que d’autres secteurs comme l’automobile ? Grâce à l’anticipation et à l’adaptation deux volontés » politiques » qui trop souvent ont manqué à l’industrie française. Grâce à quatre remparts historiques dressés pour contrer la crise : l’innovation et l’investissement sans borne la diversification des activités et le maintien d’une main-d’œuvre compétente et formée. Vive le Made in France Résultat ? L’offre reste d’une grande variété de haute technicité. Elle vise tout le spectre de la demande d’une clientèle exigeante. Du yatch de luxe au bateau de M. Tout-le-monde il y en a pour tous les goûts tous les budgets. Avec à la clé de la valeur ajoutée et le souci de voguer vers l’éco-conception les marchés de niche et un nautisme durable : autant de nouvelles tendances qui font l’actualité de ce Nautic 2012. L’affaire aussi de notre balance commerciale. Elle en a tant besoin. Car si le marché intérieur ne représente plus qu’un tiers du chiffre d’affaires des industriels du secteur le nautisme reste un ambassadeur d’exception du made in France. Et une réussite fabuleuse (65 %) à l’export pour les acteurs majeurs du secteur lancés avec conviction dans la course au haut de gamme. C’est bon pour la France. Bon pour le grand Ouest terre d’excellence et de navigateurs. De Honfleur aux rivages vendéens berceaux du Vendée Globe cohabitent les géants Bénéteau et Jeanneau et les multiples petits chantiers qui s’attachent non sans difficulté à sauver la tradition des charpentiers de marine. Un grand écart symbole d’une richesse et d’un savoir-faire reconnu partout dans le monde ? Assurément. Avec des débouchés vers l’Australie la Turquie l’Asie et l’Océanie. Avec a contrario des États-Unis et une Europe encalminés. L’industrie nautique qui a peu délocalisé pour l’instant veut toutefois garder un moral d’acier. Sans se mentir à elle-même. Au moment où les chantiers navals de Saint-Nazaire sont en mal de commandes elle résiste tant bien que mal à la concurrence internationale. Tout en sachant qu’une embellie semble hypothétique en 2013. Qu’il lui faudra encore innover pour tenir bon la mer et le vent. Afin d’éviter les galères.