Course au large. Les superyachts dopent la filière

Source : lorient.letelegramme.fr

Un pied dans la course au large. Un autre dans la grande plaisance. Les acteurs de la filière nautique cherchent des relais de croissance sur le marché des superyachts en plein essor. Une chance selon Eurolarge Innovation qui avait rassemblé les acteurs hier à Lorient. Quel est le secteur d’activités de North Sails ? C’est une société internationale spécialisée dans la fabrication de voiles. En France l’entreprise qui compte 50 salariés est tournée vers la recherche et le développement dans le milieu de la course au large. Et une de nos responsabilités est le transfert de technologie de la course au large vers la grande plaisance du superyacht aubateau de croisière. Comment se partage aujourd’hui votre chiffre d’affaires entre la course au large et la grande plaisance ? En France comme la société est basée sur la course au large le chiffre d’affaires approche les 10 M€ : 5 à 6 M€ sur ce secteur d’activités et le reste sur la croisière (4 M€) des petits aux très gros bateaux. Maintenant dans le groupe North Sails le superyacht représente la moitié de notre chiffre d’affaires. Quelles sont les attentes de cette clientèle fortunée ? Et où trouvez-vous ces marchés ? Les propriétaires ont en effet beaucoup d’argent et ils souhaitent en général construire de très gros bateaux. Ces donneurs d’ordre sont sur la Côte-d’Azur à Porto-Cervo (Sardaigne) à Cannes Antibes Palma Saint-Barth… On travaille beaucoup en amont pour les approcher. La France est un pays qui peut tirer son épingle du jeu dans ce business. Derrière c’est de l’emploi et un atout supplémentaire pour la filière. Ce marché du superyacht est-il un secteur d’avenir ? Les carnets de commandes des chantiers navals de superyacht à travers le monde entier sont pleins. Je n’ai pas de craintes sur cette catégorie qui n’est pas touchée par la crise. En revanche le marché des bateaux de 70 à 100 pieds est à la baisse. Comment abordez-vous le marché de la grande plaisance ?On a une équipe spécialisée en superyacht et ils veulent s’appuyer sur l’expertise de la course au large donc on joue la carte du transfert de technologies. Ce n’est pas un marché franco-français mais mondial. Avez-vous des demandes très spécifiques et de vrais défis technologiques à relever ? Oui la construction d’un bateau de 85 mètres réclame en ce moment des études très poussées. On ne sait pas trop comment on va bouger des voiles qui pèsent près d’une tonne. Ce jeu de voiles représente un budget de 7 à 8 M€ sur 150 à 200 M€ d’investissement global. L’idéal est d’être associé dès le départ au projet. L’objectif n’est pas de remplir des triangles mais d’associer le capitaine et l’équipage. C’est primordial. La filière a t-elle intérêt à se fédérer sur ce marché ? Voilà treize ans que je suis en France. Avant je participais peu à ces réunions. Désormais j’y viens avec intérêt. C’est ici que je vais retrouver les acteurs de la filière et échanger avec eux. Êtes-vous optimiste sur l’évolution de ce marché ? Oui mais il faut être vigilant. Les beaux projets existent. Et pour l’heure notre société se porte bien.Propos recueillis par Régis Nescop Blew Stoub :  » Ce marché est un jeu de piste « Blew Stoub est une société artisanale (deux salariés) basée à Lorient spécialisée dans le gréement textile (voiles et mâts). Le marché de la grande plaisance représente aujourd’hui la moitié de son chiffre d’affaires.Que représente votre activité sur la course au large ?Mon coeur de métier ce sont les 60 pieds open (Vendée Globe) puis la classe trimaran 60 et ensuite les grands maxis. Cela a représenté un chiffre d’affaires de 2 M€ en 2008. Aujourd’hui on est retombé à 700.000 €. Le chiffre d’affaires se partage pour moitié entre ces deux secteurs avec une montée en puissance de la grande plaisance. Cette passerelle entre la course au large et les superyachts est-elle évidente pour votre entreprise ? J’ai toujours été attiré par ces bateaux. Mon goût pour le voyage a facilité aussi mon désir d’approcher ce milieu. On nous a aussi appelés par le passé pour résoudre des difficultés techniques sur ces grosses unités. Des difficultés qui ne pouvaient être résolues que par des spécialistes de la course au large. Le déclic a eu lieu il y a trois ans. J’ai voulu réorienter mon entreprise mais sans pour autant abandonner le marché du prototype. J’ai commencé par organiser des déplacements en mettant en place une démarche commerciale. En fait c’est une addition de plein de choses. Il faut être à l’écoute du marché se déplacer sur les salons (le Mets à Amsterdam) sur les régates à Porto-Cervo notamment se faire connaître à l’export… Ensuite les contrats s’enchaînent mais il ne faut pas être attentiste et occuper le terrain. Comment dénichez-vous ces riches propriétaires ? Je feuillette les carnets de commandes des chantiers navals. Il existe des publications qui détaillent la liste des marchés. Ensuite il faut en parler discuter avec les architectes les accastilleurs. Il faut trouver le nom du chef de projet ou du capitaine. C’est un jeu de piste. Si on a le produit adéquat la machine se met en route. La concurrence est-elle rude sur ce segment ? Sur le produit textile spécifique je n’ai pas trop de concurrence. Sur une commande plus standard avec davantage de volume la concurrence étrangère les Anglo-Saxons surtout verrouille le marché. Il faut jouer des coudes et rentrer dans leur famille. Il faut éviter d’être arrogant. C’est une image qui colle à la France. Avez-vous aussi des demandes spécifiques sur les superyachts ? Oui car ce sont des bateaux d’exception. On ne peut pas se permettre de faire du standard. Il faut faire du surmesure. La législation française est-elle adaptée à l’export ? Non. On manque d’ouverture à l’export en France. Le conseil n’existe pas. On perd beaucoup d’énergie à se justifier auprès des administrations fiscales et douanières. Etes-vous optimiste ? Sur le marché de la grande plaisance je commence à récolter les fruits des trois dernières années. Les grosses unités en constructions dans le monde réclament de la technologie. Il ne faut pas rater le coche être audacieux et pister l’opportunité. On peut être sollicité pour des pièces à 500 € mais on peut aussi décrocher un contrat avec un bateau qui va tout prendre (accroches et cordages) ce qui peut aller jusqu’à 150.000 € sur une seule unité. .R. N