Après la Plaisance de papa, la Plaisance de fiston…

Source : escales.wordpress.com

On n’a pas tellement à se réjouir de l’orientation de la plaisance moderne. Rien ne sera plus comme avant. Voici une vision pleine d’humour proposée par Francis Bergerac qui en brosse un tableau ravageur. Chacun appréciera à sa manière.Les gestionnaires de ports de plaisance français ne le savent pas encore : ils vont changer de métier. Il leur serait pourtant facile de s’en rendre compte car il suffit de quitter les côtes françaises pour aller voir les toutes nouvelles marinas du monde.• Il y a toujours de la place (même en méditerranée). Les bateaux sont mis à flot au moment où ils naviguent car la marina dispose d’autant de places à flot que sur terre-plein et des moyens de manutention et de calage sur bers qui limitent les coûts de main d’œuvre. Les bateaux ventouses n’existent plus car les navigateurs n’ont plus peur de perdre leur place.• Dans ces nouvelles marinas le personnel est accueillant parce qu’il a le sentiment qu’il s’adresse à des clients. Le terme  » usager  » a d’ailleurs disparu du vocabulaire en France dans les années 2015 mais bien plus tôt en Turquie et en Espagne par exemple. Pour les gens du port cela a été une vraie révolution culturelle mais ils considèrent qu’elle leur a fait du bien.De gestionnaires de parkings ils sont devenus des gestionnaires de flux de bateaux. D’un seul coup sans ajouter une place de ponton ils ont accru la capacité des ports d’un bon tiers. Ça tombe bien parce que plus personne aujourd’hui n’accepte de maculer le littoral de parkings à bateau .• Le coût d’un bateau qui pèse sur un seul propriétaire demeure un vrai handicappour accéder à la mer. Il en réserve l’usage à quelques privilégiés. Mais les bateaux ont la vie longue. Avec un nouvel équipement une coque ancienne a encore de longues années de navigation. Les bateaux de papy boomers vont être repris par la nouvelle génération et à moindre coût repartiront en mer. C’est le partage longitudinal inter-générationnel.• La location les stages en école de voile le charter sur voilier les bourses d’équipier l’embarquement entre potes que l’on monte le WE d’avant pour le WE d’après grâce à la qualité des prévisions météo. Toutes ces formes d’entreprises indépendantes multiformes ont connu et connaîtront encore un formidable essor grâce aux liens de l’internet. C’est le partage horizontal celui des réseaux sociaux et celui des bateaux.Et bizarrement ce qui changera le moins ce sont les bateaux eux-mêmes.Certes ils ne sont plus tout à fait les mêmes qu’il y a 25 ans mais ils ne sont pas non plus radicalement différents. Un peu plus légers un peu plus rapides planant plus vite ils sont plus fun. Mais on ne voit pas ce qui peut radicalement les changer aujourd’hui. Le débat multicoque/monocoque est un peu dépassé pour ne plus concerner que les adeptes de la navigation à plat opposés à tous les autres.Le  » trop fort n’a jamais manqué  » et les éternels débats sur la solidité des coques modernes se calmeront un jour comme s’est éteinte la discussion sur la solidité des voitures appréciée à l’épaisseur des tôles.Vive la belle plaisance son avenir est déjà là.Francis Bergerac