Source : www.sudouest.fr

C’est une belle renaissance. Il y a un an le fabricant de mâts et de gréements Sparcraft était au bord de la cessation d’activité. Reprise à la barre du tribunal de commerce la société pérignacienne a depuis lors plus que redressé son cap. Les investissements réalisés par le repreneur (le groupe auvergnat Deck un spécialiste de l’équipement de ponts de bateaux) ont non seulement permis à sa filiale rochelaise de conquérir de nouveaux marchés mais surtout de préserver ses effectifs. PublicitéLe mât de 32 mètres actuellement en cours d’équipement illustre cette nouvelle dynamique. Il sera livré demain par convoi exceptionnel au chantier CNB de Lormont (Gironde).14 tonne équipéeAlors que plus grand monde ne croyait en l’avenir de l’entreprise le PDG de Deck Jean-Claude Ibos s’était battu pour faire entendre que l’histoire pouvait encore s’écrire. À condition d’investir urgemment dans un nouvel outillage. La stratégie est aujourd’hui payante et le million d’euros engagés pour l’achat de nouvelles machines ou dans la remise à niveau de l’outillage et des ateliers existants a notamment permis d’engranger la commande de ce mât. Et probablement de deux autres que le même client – le groupe Bénéteau – pourrait aussi confier à Sparcraft pour équiper ses plus grands voiliers de la marque CNB.La clé de voûte du nouvel édifice ce sont deux filières sortes de matrices dans lesquelles l’aluminium réchauffé est poussé et à la sortie desquelles apparaissent les profils des mâts. » Jusqu’alors les profils des mâts de grande taille que nous réalisions étaient constitués de trois ou quatre parties. Avec les nouvelles filières le profil sort en un seul bloc  » explique -t-on à la direction de Sparcraft.Parmi les cinq leaders mondiaux de la conception et fabrication de grands mâts en aluminium Sparcraft est ainsi le seul capable de les réaliser en une seule pièce. Du coup des chantiers nautiques qui jusqu’alors ne daignaient pas recevoir le commercial rochelais n’attendent plus aujourd’hui qu’il les sollicite: ils téléphonent à l’entreprise.Ce mât est une petite prouesse de technologie. Dessiné au bureau d’études par Christophe Traineau il est équipé par les monteurs François Ronsin et David Galbert heureux de s’affairer sur si bel équipement.L’intérêt de cette technologie ?À taille et capacités de flexion et de torsion égales le mât pèse 30 % de moins ce qui sur une pièce de cette longueur ramène le poids de base hors équipements d’14 tonnes à 900 kg. Cela peut induire une réduction de lest de 3 tonnes dans le fond du voilier ou augmenter son ardeur à lest équivalent.200 kg de câbleEn amont de la fabrication la capacité de la filière autorise une poussée d’aluminium pour fabriquer des tronçons de 16 mètres maximum. Il en faut deux pour un mât complet.Livrées bruts depuis les Pays-Bas (où Sparcraft a déposé ses filières chez un sous-traitant de l’aluminium) les deux pièces reçoivent tous leurs équipements à La Rochelle. Elles y sont renforcées peintes et équipées de tous les accessoires nécessaires pour enrouler une grand-voile de 150 mètres carrés elle-même réalisée à La Rochelle dans l’atelier Incidences.En l’occurrence sont posés un moteur et les tringles pour tirer la toile trois étages de barres de flèches pour tenir le mât sur le pont un accastillage de taquets de sorties de drisses et des vérins pour les mises en tension. Dans le corps creux du mât passent près de 200 kg de câble électrique les conduites hydrauliques les lignes électroniques pour le WiFi et la TNT. Pour enjoliver et sonoriser le bateau dix spots et des haut-parleurs sont intégrés au mât.Un travail de haute précision tant à l’usinage qu’à l’assemblage qui n’autorise que trois dixièmes de millimètres de marge d’erreur de cote ! Facture ? Secret. » Dites plusieurs dizaines de milliers d’euros  » propose la direction soucieuse de ne pas tout livrer à la concurrence…Regret des monteurs : ne pas voir le mâtage du voilier qui sera fait à Lormont.  » Peut-être viendra-t-il plus tard ici pour des réglages  » espère secrètement l’un d’eux…