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Bénéteau navigue encore dans des eaux un peu tumultueuses. Le champion français de la plaisance devrait afficher quelques millions d’euros de pertes au titre de l’exercice clos fin août. Mais l’équipe à la barre a suffisamment confiance pour préparer déjà la suite : un investissement stratégique aux Etats-Unis.Le groupe vendéen détient déjà sur place un site spécialisé dans les voiliers. « A présent la direction envisage de se doter d’une deuxième implantation pour fabriquer des bateaux à moteur » indique-t-on au siège.Deux options sont possibles : construire un chantier naval ou en acheter un. « Bénéteau devrait agir rapidement estime Francis Prêtre analyste chez CM-CIC. Plus vite le groupe disposera de l’outil industriel adéquat plus vite il pourra répondre au rebond du marché américain le premier au monde. » Rien n’est fait. Mais les réflexions en cours confirment un phénomène frappant : les industriels tricolores Bénéteau en tête sortent plutôt renforcés des cinq années terribles qui s’achèvent.A partir de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 les ventes de bateaux de loisir l’un des achats les plus faciles à reporter ont plongé. En cinq ans le marché mondial a été divisé par deux.Pareille tempête a mis nombre de constructeurs en grande difficulté. Certains ont disparu d’autres ont fortement réduit la voilure comme l’allemand Bavaria ou le français Dufour. L’italien Ferretti a été repris par un groupe chinois de même que la prestigieuse marque britannique Sunseeker connue pour ses yachts de James Bond. REVOIR SA STRATÉGIEBénéteau lui a tenu le choc. Ses profits ont fondu mais le groupe disposait d’un bilan suffisamment solide pour résister. Mieux : la crise l’a amené à revoir sa stratégie et à partir à la conquête de nouveaux types de clients en concevant de plus grands bateaux et en se lançant à fond dans ceux à moteur.Résultat : son chiffre d’affaires a baissé de moitié moins que le marché. « Au final nous sommes à présent numéro deux mondial alors que nous étions cinquième ou sixième en 2008 affirme le patron de Bénéteau Bruno Cathelinais. Un jour nous dépasserons peut-être le leader l’américain Brunswick. »Une perspective d’autant plus crédible que le groupe tricolore est un des très rares industriels du secteur à pouvoir compter sur une trésorerie nette excédentaire.Après avoir résisté durant les années noires Bénéteau espère maintenant profiter à plein de la reprise attendue ces prochains mois. Les riches et très riches clients ayant repris confiance « le secteur pourrait bénéficier d’une croissance mondiale de 3 % à 4 % en 2014″ estime M. Cathelinais.Cette remontée en pente douce devrait selon lui porter le marché à 92 milliards d’euros en 2020. Soit encore 25 % de moins que lors du pic de 2008. »On pense qu’on a passé le point bas » assure également Jean-François Fountaine président du fabricant de catamarans Fountaine-Pajot et de la Fédération des industries nautiques. Aux Etats-Unis au Canada en Australie en Allemagne les ventes sont déjà reparties.En Europe en revanche les acheteurs hésitent encore malgré les nouveautés mises en avant dans les Salons comme celui qui se tient jusqu’à dimanche à Cannes. Après avoir chuté de 25 % en 2012 puis de 15 % en 2013 le marché européen risque de reculer encore de 1 % à 5 % l’an prochain. La France notamment reste en berne. Nul ne sait quand elle redémarrera. http://www.actunautique.com/article-le-leader-des-bateaux-de-plaisance-beneteau-va-investir-aux-etats-unis-120076753.html