Source : www.entreprises.ouest-france.fr
Le Parc marin d’Iroise a conduit ces derniers mois une étude chimique des eaux en sortie d’aires de carénage de bateaux. Etles résultats inquiètent un peu. Primo » nous avons découvert des traces de biocides dans des concentrations élevées parfois jusqu’à dix fois le seuil autorisé » explique Thierry Cantéri directeur du parc. Les peintures antifouling ou antisalissure appliquées chaque printemps sous les coques des bateaux limitent par un agent toxique (herbicide et oxyde de cuivre en général) la fixation et le développement d’algues et coquillages.Le nettoyage de la couche de l’année précédente au jet haute pression ou au grattoir suppose normalement une récupération des effluents pour éviter que tout ne parte à la mer ou dans l’environnement. C’est normalement le cas sur les aires de carénage. Les résultats montrent donc un dysfonctionnement de ces aires et le parc entend sensibiliser leurs gestionnaires notamment au bon renouvellement des filtres. » Fuites » de l’arsenal ?L’autre sujet de préoccupation du Parc marin c’est que parmi les molécules tueuses retrouvées dans l’environnement certaines sont interdites depuis plusieurs années. C’est le cas du diuron ou du chlorothalonil par exemple. Comment expliquer cette bizarrerie ? En 2005 des analyses dans l’Aber-Wrac’h avaient déjà fait du bruit en révélant la présence de TBT (tributylétain) interdit depuis 1982. L’usage d’anciens stocks réservés aux grands bateaux militaires qui avaient bénéficié d’une dérogation jusqu’au début des années 2000 était alors fortement suspecté. Autrement dit des » fuites » de l’arsenal de Brest jamais prouvées. Il faut dire qu’il ne semble y avoir jamais eu de réelle enquête.Les grands navires de commerce en chantier naval à Brest bénéficiaient aussi d’une dérogation jusqu’à la fin des années 1990. Depuis tout le monde paraît être rentré dans le rang. Dans le cas présent il se pourrait aussi que certains produits aux molécules interdites soient encore commercialisés par erreur ou par fraude. Aucune piste ne semble évidente. » Il faut qu’on investigue un peu mieux » précise Thierry Cantéri.Interdit en milieu naturelMais ces pollutions en cachent une de bien plus grande ampleur : les carénages » sauvages « . En effet dans l’aire du parc marin seuls deux ports sont équipés de systèmes de récupération : Douarnenez et Camaret. En limite de parc Brest plus grand port de plaisance de la région en est aussi doté. Des projets sont envisagés à Lanildut et au Conquet. Mais la plupart des carénages sont encore faits sur de simples quais des plages des grèves dans les jardins parfois même par des chantiers professionnels. Sans parler des îles. Or » le carénage en milieu naturel est interdit » rappelle Thierry Cantéri. Ce n’est pas nouveau. » La loi sur l’eau de 1992 proscrit » tous les déversements de substances nuisibles pour le milieu naturel « .À eux seuls les plaisanciers sont 27 000 en Finistère. Cela représente au moins 60 tonnes de peinture antifouling par an. La tolérance de fait pourrait s’émousser avec l’arrivée des aires spécifiques de carénage. Mais leur création coûteuse et souvent techniquement complexe est encore bien trop lente pour pouvoir absorber l’ensemble des besoins.