Source : www.sudouest.fr
Je ne suis pas là pour atteindre un taux de rentabilité de 25 % je dois juste faire en sorte que l’entreprise aille vers la rentabilité. » Salvatore Serio fait profil bas. C’est que le chantier nautique Dufour yachts qu’il dirige l’un des deux leaders de cette filière en Charente-Maritime avec le fabricant de catamarans Fountaine-Pajot revient de loin.QUELQUES CHIFFRESLa direction de Dufour yachts est satisfaite des résultats encourageants enregistrés par la marque rochelaise lors des deux derniers salons nautiques où elle s’affichait.Au Nautic de Paris en décembre dernier la progression des ventes par rapport à 2013 est de 20 % ce qui correspond à la vente de 79 monocoques. À Düsseldorf en Allemagne le mois dernier Dufour yachts a signé 25 ventes. Autre satisfaction » les trois quarts de ces ventes sont faites au plaisancier le client final » et non pas au réseau de distribution ce qui gonflerait artificiellement les ventes réelles. » Ce sont nos partenaires financiers qui nous le disent. À Paris ils ont fait 100 % de produits financiers en plus c’est-à-dire le double de locations avec option d’achats à ce client final. « Avec 330 voiliers produits lors du dernier exercice et un chiffre d’affaires de 40 millions le compte n’y était pas. D’ailleurs si les banquiers italiens détenteurs d’une dette de 18 millions n’avaient pas mis un mouchoir sur la moitié de leur créance l’été dernier et si les collectivités publiques Région Poitou-Charentes Département de la Charente-Maritime et Communauté d’agglomération de La Rochelle n’avaient pas dans un même élan apporté les 4 millions qui déclenchaient un soutien bancaire français de trésorerie de 3 millions probablement que le Pdg n’en serait pas aujourd’hui à envisager le recrutement de personnel d’intérim (une quarantaine de postes) d’ici le printemps pour les chaînes de production (1). Lesquelles souligne Salvatore Serio » sont toutes relancées « . Une affirmation non vérifiable auprès des représentants du personnel qui dans cette entreprise marchent à l’ombre d’un grand mutisme.Renouvellement de gammeTout aussi sûrement dans ce contexte le Dufour 560 monocoque luxueux n’aurait pas vu le jour. parce qu’entre les études l’achat des moules et la conception cette nouveauté a avalé un investissement de 17 million. Le premier de la série mis à l’eau mi-janvier fait sa première sortie publique ces jours-ci au Salon d’Istanbul. Un riche Californien a mis un billet de près de 600 000 euros pour l’acquérir. Un deuxième est aussi signé et des négociations sont bien avancées pour deux 560 de plus. Le voilier amiral construit par le chantier à Périgny dans cette première ceinture rochelaise arrive après les naissances des 410 500 et 310 qui touchaient l’eau lors des deux derniers exercices comptables. Ce renouvellement de gamme est inscrit au plan de relance qui a été signé à l’automne. Il s’accompagne d’une amélioration de la personnalité des modèles sans renier les qualités intrinsèques qui ont fait la réputation de ces bateaux. Tandis que deux autres nouveautés sont annoncées pour l’année prochaine à propos desquelles concurrence oblige le PDG de Dufour yachts ne lâche rien si ce n’est leur » positionnement en cœur de gamme « . Une concurrence qui depuis les derniers salons d’automne déplore les remises faites au client par Dufour…Mais ça n’est ni à Bavaria l’ancien partenaire allemand de Dufour ni au géant Jeanneau-Bénéteau que Salvatore Serio rend des comptes. Plutôt à ses partenaires financiers et aux services de l’État que la préfète de la Charente-Maritime réunissait le 5 février dernier pour un premier point d’étape depuis que le tribunal de commerce de La Rochelle avalisait le plan de sauvegarde fin septembre 2013. » L’important c’est que durant sept ans la charge d’endettement de l’entreprise est ramenée à 4 millions. Avant restructuration elle était de 18 millions » relève le PDG qui souligne ainsi le retour à un ratio fonds propres/endettement » largement positif « . La perfusion dosée pour un retour au profit en 2015 produirait donc déjà ses effets au point qu’il annonce au milieu de l’année nautique (celle-ci débute fin août) : » Nous sommes au bateau près au nombre de commandes prévues à notre budget. » Mais il conserve ce nombre secret concédant juste une production annuelle calée entre 350 et 400 voiliers.(1) Le chantier emploie 430 salariés. par Philippe Baroux édition réservé aux abonnés