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Opération stratégique pour Bénéteau. Le groupe français numéro un mondial des voiliers de plaisance a signé lundi 23 juin l’achat de RecBoats un industriel américain qui va lui permettre de s’ancrer solidement aux Etats-Unis. Installé à Cadillac dans le Michigan ce fabricant de bateaux à moteur compte 475 salariés et réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 150 millions de dollars soit environ 110 millions d’euros.Cette acquisition a été saluée à la bourse de Paris. L’action Bénéteau a ouvert mardi 24 juin en hausse de 6%.Bénéteau détenait déjà aux Etats-Unis un site spécialisé dans les voiliers. Mais depuis quelques années le groupe vendéen s’est lancé dans une grande offensive pour entrer également sur l’énorme marché américain du bateau à moteur. » Une véritable success-story » commentait en février une étude des analystes financiers de CM-CIC Securities.Le groupe français a commencé en 2010 par commercialiser sur place des bateaux à moteur de plus de 12 mètres importés d’Europe. Une réussite : le chiffre d’affaires dans ce domaine est passé de 1 million de dollars la première année à 47 millions en 2012-2013. Il devrait atteindre 69 millions cette année.INVESTISSEMENTS COMPLÉMENTAIRESMais pour proposer des bateaux plus petits Bruno Cathelinais le patron de Bénéteau a jugé indispensable de disposer d’un outil industriel sur place. » L’importation d’unités de cette taille venant d’Europe n’est pas compétitive » explique CM-CIC. Deux options étaient possibles : construire un chantier naval ou en acheter un. Le groupe a opté pour une acquisition qui lui permet répondre plus vite au rebond en cours du marché américain le premier au monde. C’est le sens de l’achat de RecBoats qui détient les marques Four Winns Glastron Wellcraft et Scarab.Industriellement cette opération majeure évaluée entre 50 et 100 millions de dollars par CM-CIC nécessitera sans doute des investissements complémentaires pour intégrer dans le chantier de RecBoats tout le savoir-faire de Bénéteau. Commercialement elle permet au groupe français de quadrupler son réseau de concessionnaires américain. A terme ils devraient pouvoir commercialiser toute sa gamme.L’affaire confirme un phénomène frappant : les industriels tricolores du nautisme Bénéteau en tête sortent plutôt renforcés des années terribles qu’ils viennent de vivre. A partir de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 les ventes de bateaux de loisirs l’un des achats les plus faciles à reporter ont plongé. En cinq ans le marché mondial a été divisé par deux.NOUVEAUX TYPES DE CLIENTSPareille tempête a mis nombre de constructeurs en grande difficulté. Certains ont disparu d’autres ont fortement réduit la voilure comme l’allemand Bavaria ou le français Dufour. L’italien Ferretti a été repris par un groupe chinois de même que la prestigieuse marque britannique Sunseeker connue pour ses yachts de James Bond.Bénéteau lui a tenu le choc. Ses profits ont fondu mais le groupe disposait d’un bilan suffisamment solide pour résister. Mieux : la crise l’a amené à revoir sa stratégie et à partir à la conquête de nouveaux types de clients en concevant de plus grands bateaux et en se lançant à fond dans ceux à moteur.Résultat : son chiffre d’affaires a baissé de moitié moins que le marché. Et à présent son acquisition américaine va lui permettre de passer un nouveau cap. Avant de l’avoir conclue Bénéteau tablait sur un chiffre d’affaires consolidé de 815 millions d’euros sur son exercice 2013/2014. En y ajoutant les ventes de sa nouvelle filiale il devrait arriver à 925 millions d’euros. Le milliard est en vue. Peu à peu le groupe vendéen se rapproche du leader mondial l’américain Brunswick.