Source : www.letelegramme.fr
Les ventes de bateaux neufs ont repris depuis cet automne. Ce net redémarrage signifie-t-il pour autant une reprise de l’économie globale ? Nous avons posé la question à trois concessionnaires brestois… 1. Gildas Bouchet (Dufour) Pour le fondateur de la voilerie Yucca et le revendeur de la marque Dufour à Brest la reprise est indéniable. » On l’a sentie depuis le salon de La Rochelle en septembre et cela s’est confirmé pendant le Nautic à Paris. Les acheteurs de bateaux neufs reviennent enfin après trois ou quatre années de temporisation. » Alors qu’en 2013 je n’ai vendu que quatre voiliers début février 2014 j’en suis déjà à sept. Plutôt du petit bateau entre 30 et 35 pieds mais un frémissement plus que perceptible depuis ces deux derniers salons. » On sent que la dynamique est engagée. Ceux qui ont attendu ces dernières années matraqués par le pessimisme ambiant entretenu par les médias notamment ont décidé de sortir de leur réserve. « C’est maintenant ou jamais pour acheter un bateau ! » se disent-ils. C’est une clientèle de gens de plus de 50 ans qui voit la vie défiler et qui ne veut plus perdre de temps. Ils nous disent : « Pourquoi attendre plus longtemps alors que la vie s’écoule et que nos copains disparaissent les uns après les autres ? ». Le bel été de l’année dernière y est aussi pour quelque chose. Une belle saison du point de vue de la météo a une grosse incidence sur la vente de bateaux l’année d’après. Même si le soleil est en ce moment un très lointain souvenir ». 2. Sébastien Béchu (Jeanneau) Même enthousiasme du côté du patron de Brest Nautic. » Nous avons senti une reprise l’automne dernier à La Rochelle et surtout lors du Nautic à Paris où beaucoup de ventes se sont concrétisées. Avec 50 bateaux à moteur vendus et cinq voiliers 2013 n’a pas été bon. Nous touchons aujourd’hui des clients qui ont temporisé deux ou trois ans. Début février nous avons déjà vendu 30 bateaux à moteur et trois voiliers soit 60 % de notre chiffre de l’année dernière. Et ce n’est pas fini parce que nous recevons beaucoup de monde et avons un bon nombre d’affaires en cours. Pour revoir les primo-accédants la marque fait un véritable effort sur des offres tout compris (coque motorisée et remorque) mais ils tardent à remontrer le bout de leur nez. On repart de très bas on mettra du temps à retrouver le rythme des euphoriques années 2005 2006 2007. » Concernant l’occasion nous réalisons les mêmes chiffres. Mais c’est un marché compliqué. Vu la concurrence nationale voire européenne avec Internet il faut présenter des bateaux irréprochables et au bon niveau d’équipement pour réussir à les vendre « . 3. Yann Rolland (Bénéteau) L’analyse est plus mesurée du côté de Rolland Yachting. » On a senti l’automne dernier une augmentation des ventes mais on reste à des niveaux très bas par rapport aux années fastes. On a gardé la clientèle de gens à l’aise qui s’offre de jolis bateaux. C’est la raison pour laquelle la taille des unités ne cesse d’augmenter puisque à argent constant on peut aujourd’hui s’acheter pour la même somme qu’il y a quelques années un bateau plus gros. Le problème c’est que les places de port pour ces grosses unités ne suivent pas. Il y a encore des opportunités pour les petits et moyens bateaux mais les ports ne se sont pas encore adaptés à la forte demande sur les grosses unités. L’année dernière nous avons vendu 50 bateaux à moteur et voiliers dont 35 neufs. Début février 2014 nous avons atteint 70 % de notre chiffre de 2013 avec déjà 20 bateaux neufs vendus. » Chez nous la reprise se mesure surtout du côté du marché de l’occasion et à l’export avec des bateaux qui partent aux quatre coins du monde. Sur le neuf il nous manque encore le primo-accédant qui n’est toujours pas revenu. Conséquence le marché des premières unités a du mal à repartir. Au final je ne suis pas sûr que le monde de la plaisance soit le meilleur critère de redémarrage de l’économie. Nous sommes en général les premiers à être impactés par la crise et les derniers à redémarrer « .