Bateaux d’occasion. Sale temps aux ventes

Source : brest.letelegramme.com

Mais que se passe-t-il sur le marché de l’occasion? Les bateaux ne se sont jamais aussi mal vendus. Les côtes et le montant des expertises n’ont plus aucun rapport avec les prix pratiqués. La plaisance est encalminée. On n’avait encore jamais vu ça! « La chute a commencé il y a trois ou quatre ans » observe le courtier Michel Fily installé au port du château à Brest. « La bulle de la plaisance initiée il y a 35ans est en train de se fissurer. Espérons qu’elle n’éclatera pas. On sait que 2013 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices ». « Des bateaux achetés 150.000€ se revendant six mois plus tard 100.000 €. Des voiliers perdant entre 10 et 15% de leur valeur en trois mois! ». Même sidération chez Sébastien Béchu de Brest Nautic. Avec un peu de décalage par rapport aux autres secteurs la plaisance se trouve actuellement aucreux de la vague. « Et ce n’est peut-être pas fini! » complètent les moins optimistes. « En tout cas le marché est complètement plombé pour les bateaux de plus de dix ans » estime Yann Rolland de Brest Brokerage Yachting qui n’envisage pas de remontée des prix de l’occasion pour 2013. « Les bateaux neufs sortent de moins en moins chers. À leur revente ces bateaux récents étouffent les plus anciens ». Crève-coeur Le marché de l’occasion est moribond. L’offre est pléthorique. La crise et surtout les perspectives peu avenantes ralentissent un marché qui il y a encore cinq ans se portait convenablement. L’état du marché de l’occasion impacte également la vente d’unités neuves. « Beaucoup de nos clients peinent à revendre leur ancien bateau. Du coup ils retardent leur achat ou y renoncent carrément s’ils sont dans l’impossibilité de trouver un acquéreur » observe Gildas Bouchet revendeur Dufour RM et Delphia. Sinon c’est la grande braderie assurée surtout pour les modèles vieillissants et moyennement entretenus. Même proposés à des prix très bas certains bateaux ne partent plus. Du coup les professionnels rechignent de plus en plus à reprendre certains bateaux d’occasion quitte à perdre des ventes neuves. Surtout ils proposent des prix de reprise en conséquence. Un vrai crève-coeur pour les propriétaires qui découvrent l’étendue des dégâts. Reprises hasardeusesPour les professionnels pas question de garder sur les bras des bateaux invendables et surtout de perdre trop d’argent sur une reprise. « Dans le contexte actuel la revente d’une reprise se solde par une opération blanche au mieux ». Du côté des courtiers s’ils arrivent à se maintenir dans le milieu c’est parce qu’ils consentent à baisser leur marge de négociation de quelques points (jusqu’à 5% voire moins). Et le cercle vicieux semble solidement enclenché avec un marché paralysé un grand nombre de bateaux sur le carreau et une profession de courtier fragilisé. « Les acheteurs potentiels scrutent les baisses de prix sur Internet quasiment tous les jours! ». Le temps joue pour eux. Certains professionnels estiment que le marché devrait être arrivé au creux de la vague. Mais d’autres pensent qu’il peut encore descendre d’un cran…Stéphane Jézéquel