Morbihan. Les chantiers de voiliers traditionnels souffrent

Source : www.entreprises.ouest-france.fr

La crise touche de plein fouet les petits constructeurs navals. Face à l’absence de commandes certains licencient. Mais dans l’ensemble ils tentent de résister en s’adaptant et en innovant. Le point sur la situation dans le Morbihan. Les petits chantiers rament Du jamais vu au Guip le chantier naval de l’Ile-aux-Moines : aucune commande de construction de Guépard n’est en cours ! Alors que ces dernières années le patron Paul Bonnel devait faire patienter pendant de longs mois les amateurs de cette plate gréée si emblématique du Golfe du Morbihan.Au chantier de Vilaine à Arzal la situation est identique : pas la moindre demande pour le Souriceau ce voilier de 5 m qui y est construit en contre-plaqué et époxy. Pour son directeur Emmanuel Darviot c’est la  » paralysie totale  » avec la crise.  » Le marché de l’occasion s’en sort mieux que le neuf car ses prix sont à la baisse. Contrairement aux grands chantiers nous ne pouvons guère diminuer nos marges pour attirer les clients parce que nous réalisons des voiliers à l’unité ou en petite série. J’ai alors dû lancer un plan de réduction des effectifs et envoyer un charpentier en formation. « Comment tentent-ils de s’en sortir ?À La Roche-Bernard le charpentier Philippe Simon avait voulu se faire plaisir en réalisant le Begwen un sloop en bois massif à la ligne effilée sur 5 m. Faute d’acquéreur il n’en a produit qu’un seul exemplaire. Il a alors revu ses projets à la baisse en innovant dans une taille moindre.  » Je me rabats sur un voilier plus petit le Poulga. C’est une forme d’annexe à voile pour la Vilaine. J’ai décidé d’en fabriquer une série de dix mais six ne sont pas encore construits car le climat est trop morose il n’y a pas de commande. C’est la réparation qui aujourd’hui fait vivre mon chantier. « La simplification c’est également la voie qu’a choisie Emmanuel Darviot pour son chantier de Vilaine. Au Nautic il présente une nouvelle version du Souriceau rebaptisé Mini-Globe 475.  » Ce n’est pas un bateau low-cost puisque nous améliorons la carène plus performante. Mais pour le rendre plus abordable financièrement nous avons allégé sa construction et choisi un accastillage moins important. « Pourquoi les patrons continuent d’y croire ?Placé en redressement judiciaire depuis le début de l’automne le chantier vannetais Plasmor lutte aujourd’hui pour sa survie.  » J’ai choisi de licencier des commerciaux et de sauvegarder la production car nous avons des commandes raconte Dominique Bourçois qui outre des kayaks produit des voiliers Skellig. Mais leur visibilité n’est plus comme avant c’est du coup par coup. Les clients ne demandent plus d’essais ils se font une idée sur internet : jamais notre site n’a connu autant de connexions. « Patron de Marine Composite qui fabrique la Gazelle à Arzon Bernard d’Assignies reste optimiste :  » Il y a bien sûr les effets de la crise mais la météo de l’été n’a surtout pas arrangé la situation en ne donnant pas envie de naviguer. Il faut savoir courber l’échine pour mieux rebondir. « Il a alors décidé d’adapter son voilier pour la croisière côtière avec un petit roof et il a diversifié son activité :  » Notre maîtrise du carbone nous permet de réaliser des balcons pour l’architecture de maisons. « Au Guip Paul Bonnel n’a pas licencié mais a choisi de transférer trois charpentiers à Brest l’autre antenne du chantier pendant deux mois.  » Les moyens financiers manquent mais l’envie des passionnés est toujours là. Il nous faut alors être réactifs et imaginatifs : la copropiété d’un Guépard peut alors être une solution si l’entente est bonne entre les acquéreurs. Cette mutualisation des moyens ne peut être que bénéfique pour tout le monde jusqu’au bateau qui navigue ainsi davantage. « Patrick CERTAIN.