CNB : Gust rompt le silence

Source : www.sudouest.fr

Basé sur le quai de Brazza à la Bastide sur la rive droite le chantier naval Construction navale Bordeaux (CNB) est l’un des poids lourds mondiaux de la navigation de plaisance à voile de luxe. D’ordinaire discret son PDG Dieter Gust a accepté d’ouvrir ses portes pour  » Sud Ouest « .  » Sud Ouest « . On cite souvent CNB en exemple pour sa réussite industrielle mais vous on ne vous entend jamais. Pourquoi ?Dieter Gust. C’est mon caractère. J’ai horreur d’aller dans les soirées ou les réunions. Une entreprise ce n’est pas quelque chose de personnel. La réussite est celle d’une équipe. Seul je ne serais jamais arrivé à faire tout cela. De plus on ne veut pas prendre de position politique. On se débrouille on ne veut rien devoir à personne. CNB c’est pourtant votre histoire personnelle… Quand j’ai racheté trois hangars des anciens Chantiers de la Gironde quai de Brazza en 1987 pour un million de francs c’était pour finir mon bateau. J’étais skipper-propriétaire. Je voulais ensuite repartir naviguer en cédant les lieux à mes copains. Olivier Lafourcade (1) était déjà là à l’époque. Et puis je suis resté… L’industrie en ville alimente les débats notamment autour du projet refit de réparation de yachts aux Bassins à flot. Vous ne vous sentez pas concerné ?Ce n’est pas un bon projet je l’ai dit à Alain Juppé. En tout cas je n’y crois pas une seconde. Depuis 20 ans toutes les tentatives d’implantation de refit sur la façade Atlantique ont échoué. Les équipages n’en veulent pas. Or c’est eux qui gèrent le refit et choisissent les lieux où cela se passe. La plupart ont des maisons sur la Méditerranée là où ces bateaux naviguent. Cherbourg a essayé La Rochelle aussi je n’y crois pas du tout. De plus aux Bassins à flot il y a trop de logements autour car c’est quand même une activité polluante. La ville veut créer un nouveau quartier quai de Brazza à vos portes. Vous ne craignez pas de vous trouver à votre tour cerné par les logements ?En 2008 nous avions présenté un plan d’extension de notre site à Alain Juppé. Il nous a dit que cette zone de Brazza devait rester industrielle. Puis il a sorti son projet de nouveau quartier et là on a dit stop ! Je suis retourné le voir pour dire que si on ne peut pas s’étendre là on le fera ailleurs qu’à Bordeaux. Le maire m’a dit que le projet avait été modifié pour qu’il n’y ait pas d’habitations trop proches. Il est partisan d’une solution négociée avec CNB ce qui est correct. Mais je sais que dans son équipe ceux qui défendent l’urbanisation ne sont pas favorables à notre extension. Pourquoi cette extension ?Nous occupons aujourd’hui 11 hectares pour une centaine de bateaux produits par an soit 140 M€ de chiffre d’affaires et 550 employés. On peut se développer ici jusqu’à 250 M€ de CA et 800 à 900 personnes. Après on peut continuer mais pas à cet endroit par manque de place. Nous sommes déjà l’un des plus gros sites industriels du groupe Bénéteau. Nous sommes plus gros aujourd’hui qu’eux lorsqu’ils nous ont rachetés en 1997. Pour continuer notre développement soit nous rachetons une partie du site de Soferti à Brazza soit on devra aller ailleurs qu’à Bordeaux. Il y a beaucoup de possibilités le long de l’estuaire. Quand prendrez-vous la décision ?Ça va venir. En 2008 le marché des bateaux à voile de luxe a été divisé par deux. Nous avons mis au point une stratégie de sortie de crise par la création de nouveaux modèles. On va notamment faire un catamaran à moteur. Pour cela il nous faut de la place. Nous avons besoin de stocker les bateaux avant livraison sur un grand parking qui fera tampon avec le futur quartier de Brazza. Ce ne serait donc pas une zone de construction navale. C’est ça qui doit se négocier avec la mairie. Nous entrons dans la septième année de la crise sauf à spéculer sur un prolongement de celle-ci il faut y aller prendre le risque. En attendant vous continuez d’investir sur place ?Nous rénovons un hangar que nous avons acheté sur un terrain de 5 000 m⊃2;. Nous voudrions aussi remettre en état notre cale de mise à l’eau et la forme de radoub que nous avons. (1) Olivier Lafourcade dirige l’une des branches de CNB.